Sur tous ces chemins qui mènent à ta Rome c'est la vie qu'est repartie, c'est tout qui s'efface, tout qui se gomme.

Je reproduis les schémas de l'absence.

Depuis l'enfance je me sens abandonnée partout et par tout le monde. Alors moi-même je m'enfuis, je déménage, je m'en vais, je laisse, je délaisse. Mon existence est une succession de départs qui ne recommencent pas grand chose. Je cours après tout mais sans savoir après quoi ni pourquoi.

D'aucuns diront que je peine à trouver ma place. Que je suis une insatisfaite. Que j'ai peur de l'affrontement d'une routine qui nous concerne tous mais avec laquelle je me sens en marge.

Bernard Werber dit que « Le dernier espoir c'est la fuite ». Mais quand on s'en va des dizaines de fois, comment savoir laquelle est la dernière ? Et le dernier espoir de quoi ? De trouver la paix, l'apaisement ? De trouver des raisons de ne plus fuir et d'abandonner une vie que l'on (re)commençait à construire ?

En quittant Paris je pensais avoir fermé à clé un pan de ma vie à jamais, je pensais avoir achevé une étape supplémentaire qui me mènerait vers autre chose, ailleurs. Comment prendre aujourd'hui la décision d'y revenir ? Comment me sentirai-je demain, quand les portes du métro se refermeront sur moi et que le bruit du métal à pleine vitesse résonnera ? A quoi je penserai pour tuer ces mornes minutes à voyager sous terre ? Le regard aussi vide et terne que les autres passagers, rêverai-je d'un ailleur comme d'un fantasme, ou d'une réalité possible ? Combien de temps durera cette sensation de se sentir grisée par cette pseudo nouvelle vie, ce nouvel emploi et le prestige qu'il y a autour ? Que ferai-je une fois que j'y aurais goûté, que j'aurais réalisé mes rêves ? Combien de mois, combien d'années avant que je ne me réveille en me disant que chez moi c'est là où il y a l'Atlantique ? Et si j'y reviens, est-ce que ce cocon dans lequel je vis actuellement sera toujours tissé ? Est-ce qu'ils seront encore là, les gens qui aujourd'hui animent mon quotidien ?

Mais peut-être que tout ça n'est qu'un narcissisme sous-jacent qui détermine inconsciemment la place que je m'accorde dans mon monde et dans celui de ceux qui m'entourent. Mais à la question « Qu'est-ce que tu fais si demain une personne te dit qu'elle ne veut pas que tu partes ? » je n'ai aucune réponse. J'y ai réfléchi, mais vraiment, je ne sais pas. Comme pour tout, ça faciliterait certaines choses autant que ça en compliquerait d'autres.

On voudrait tous être ailleurs alors qu'il y en a tellement qui voudraient tout ce qu'on a, ou plutôt tout ce qu'on avait et qu'on n'avait pas été cherché ailleurs ce coup-là et que nulle part ailleurs, on ne,retrouvera ...


Chanson de support : Partir ailleurs - MANO SOLO